jeudi 28 avril 2011

Et côté porte-monnaie ?

Combien ça coûte de faire un voyage en transmongolien, et de faire le touriste pendant un mois ?

TRANSPORT

-avion AR Paris-Moscou et Pékin-Paris, achetés sur Internet, avec Opodo :
Niko (A : 20/03 ; R : 06/04), avec KLM : 650 euros
Luce (A : 20/03 ; R : 16/04), avec Aeroflot : 450 euros

-transmongolien
trajet Moscou/Irkoutsk (Sibérie) : 235 euros par personne, avec une réservation via une agence allemande Pulexpress. Elle prend une bonne commission, mais l'avantage c'est de pouvoir réserver en amont, indispensable en période touristique (pas encore le cas à nos dates) et de ne pas avoir à galérer au guichet des gares russes, les guichetières étant réputées pour ne pas aider du tout les touristes. Attention, prévoir large au niveau timing pour la réception des billets.

trajet Irkoutsk/Oulan Bator : 120 euros par personne, toujours avec la même agence (il faut savoir baragouiner en allemand, anglais, russe, vos interlocutrices ne parleront pas français).

NB : Si c'était à refaire et puisqu'on n'a pas galéré à racheter des billets après nos déboires sur les deux premiers trajets, je ne réserverai pas les tickets en avance. En rachetant des billets sur place un à deux jours avant le départ, on a payé, par personne : environ 100 euros au lieu de 200 sur le trajet Moscou/Irkoutsk, avec un train bien moins rapide toutefois : beaucoup plus de haltes. Pour le trajet Irkoutsk/Oulan Bator, la différence entre le prix des billets achetés avec l'agence et celui des billets rachetés sur place était moindre.

trajet Oulan Bator/Pékin : billets achetés sur place, avec Mejet, notre guide mongol : première réservation six jours avant le départ et achat des billets deux jours avant : 85 euros par personne environ, pour un vrai transsibérien

-navette train entre aéroport et centre de Moscou : 8 euros par personne, idem pour les navettes à l'aller et au retour entre Paris Charles de Gaulle et Paris intramuros.

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HEBERGEMENT

-auberge de jeunesse Moscou : 40 euros la première nuit pour deux réservée sur internet, 60 euros la deuxième alors qu'on devait se faire loger in extremis : hors de prix pour un taudis pareil. On vous déconseille absolument le Transsiberian Hostel, auberge de jeunesse pourtant répertoriée par le guide Lonely Planet.

Globalement, les auberges de jeunesse et hôtels sont connus pour être chers. L'intérêt est donc juste de ne pas tomber sur un taudis, puisque vous serez presque obligés d'allonger la thune.

-l'avantage d'un voyage en transmongolien, c'est que pendant une semaine du voyage tu dors sur une couchette dans le train, c'est toujours ça d'économisé sur le budge. De là à dire que tu dors bien, c'est autre chose.

-auberge de jeunesse Irkoutsk : deux nuits, 76 euros à deux, plus recommandable

-hôtel Dreams à Litsvianka : à éviter absolument : 30 euros la nuit, une chambre sale et mal meublée

-Mongolie : hébergement chez Mejet, à Oulan Bator : petit mais propre et confortable.
payé 250 euros pour trois nuits passées chez lui, quelques repas, la traduction, la conduite et l'accompagnement dans une famille mongole à 400 kilomètres aller (à qui on a redonné 40 000 tughriks soit 21,50 euros, pour deux nuits)

-Pékin, deux nuits en auberge de jeunesse pas loin de chez Yuan, dans le district de Chaoyang nord : 53 euros pour deux pour deux nuits, environ 600 yuans

-pour la suite, couch surfing chez mon amie Yuan et sa coloc : gratuit

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VISAS (par personne)
Sans compter que la procédure de demande de visa (délai, file d'attente, éléments à fournir) est lourde, c'est très cher !
-Russe : 35 euros + 25 euros de 'voucher' = 'invitation' payante distribuée par l'hôtel/l'auberge de jeunesse et à fournir avec le formulaire de demande de visa : 60 euros
-Mongol : 60 euros
-Chinois : 35 euros de frais de visa + 35 euros de frais de gestion = 70 euros

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EQUIPEMENT
doudoune/vêtements chauds/duvet
trousse de pharmacie
divers,
environ 300 euros par personne (équipement réutilisable)

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SUR PLACE

-La nourriture n'est pas très chère en Mongolie et en Chine, sauf dans les restos chics bien sûr, en Russie, le coût de la vie est plus élevé.
Les transports urbains (minibus, métro, tram, bus, pousse-pousse) sont vraiment très peu chers dans ces trois pays ; le taxi est presque donné en Mongolie et à Pékin ; en Russie, on n'a pas essayé cette fois, mais en 2004, c'était raisonnable.

-Les visites

-Les souvenirs

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TOTAL

Comptez 2000/2500 euros par personne, pour un mois, sans se priver.

mardi 19 avril 2011

Dernier jour à Beijing


Dernier jour à Beijing et jour médian de ma grossesse. Comme un tournant, en somme. Depuis quelques jours déjà, je me sens très à mon aise dans la capitale, je trouve ma place dans le métro, je me repère dans la ville, j’ai mes habitudes chez Yuan, je donne à manger à son chat le soir tout en maudissant sa litière.

Pourtant, j’ai maintenant envie de rentrer en France. Plein de choses à régler, Pôle Emploi, la CPAM, la CAF, le suivi de la grossesse, les piges à venir, la maison, etc. Et puis j’ai envie de revoir Niko, la famille et les copains. Ben oui, aventurière mais pas seule au monde non plus. Hâte donc de rentrer à Paris. Ça tombe bien, je prends l’avion cette nuit. Une dernière soirée avec Yuan, un resto coréen. Je prendrai le taxi en toute fin de soirée, pour être vers minuit à l’aéroport. Mon avion décolle à 2 h 30 du mat’, bizarre comme horaire, c’est Aeroflot, je voyage russe. Arrivée prévue à 10 h 45 à Roissy Charles de Gaulle.

Pour mon dernier après-midi à Pékin, je retourne au parc du Temple du Ciel, j’y étais allée la semaine dernière, et ça m’avait vraiment plu. Cette fois, ça part mal. Métro bondé, chaleur étouffante. Des cars de touristes de toute nationalité. Il n’y en avait pas autant la dernière fois où c’est moi qui rêve ? Passage aux toilettes, et là une meute de vieilles dames chinoises très petites emplissent la pièce. Je rêve, elles sont en train de me griller la priorité. Je suis transparente. Je finis par me poster devant une porte close bien précise, mais malgré ça, une autre essaie de s’introduire aux toilettes dès que la porte s’ouvre. Je m’impose devant elle et entre dans les gogues. Dès que j’ouvre la porte, j’attends qu’elle se jette à l’intérieur. Ça ne loupe pas. Je ressors de ces maudites toilettes les nerfs en pelote. Moi qui voulais revivre l’idylle du parc, c’est mal parti.

Des hordes de casquettes marchent au pas. Rouges, bleus, blanches, oranges. Et le guide qui dresse un petit fanion de la même couleur. Je hais les touristes. Je sais, c’est complètement ridicule de dire ça, mais je hais le concept de voyage organisé, de voyage de groupe, de tourisme de masse. Des retraités ou des actifs peu curieux qui suivent le mouvement, j’éructe, je suffoque, je me planque dans une sous-allée pour échapper aux casquettes. Soudain, j’entrevois des mouvements de jambes, ce sont encore des Chinois, mais ceux-là sont de Beijing et dansent.

Hourra ! Je les ai retrouvé mes petits vieux ! Une musique navrante s’échappe de deux baffles haut perchés. Un pas de côté, un tour, les bras en l’air, ça bouge le popotin. Ils s’éclatent. Ah mais en fait y a pas que des petits vieux, il y a aussi des quadragénaires et même plusieurs jeunots. Ça fait rire Yuan et sa coloc ces gens qui dansent partout dans Pékin, elles trouvent ça ringard.

Dé-com-ple-xés les Pékinois.

Séances de taichi gratuites et en plein air dans les parcs. Tôt le matin surtout mais aussi avant le coucher du soleil et un peu partout en journée. Un seul mot d’ordre : bouger son corps.

Cela passe aussi par les jeux, barres et autres accessoires dans tous les parcs et des lieux plus improbables de la ville.

Cinquante mètres plus loin, une femme assez âgée est en train de jongler. Elle jongle du pied avec ce petit machin qu’on trouve partout en Chine, le jianzi, prononcez 'tienze'. Le ballon de foot local.


C'est une vraie championne. A une soixantaine d'années, elle jongle comme un gamin de club de foot. Et a passé son après-midi à faire des passes à ses amis. C'est ça aussi Pékin.


Luce

Beijing, le paradis des papilles


Un vrai régal. Trop épicé pour moi, mais très bon. Ce soir là, un poisson qui continue à cuire dans sa sauce pendant qu'on le déguste, avec force légumes et aromates.

Un autre jour, un simple ramen, soupe de nouilles, le plat du pauvre, avec des algues, du radis, des légumes qui n'existent pas en France, et pourquoi pas de la viande.

Dans une chaîne de restauration coréenne, de la viande sur le grill, et avant cela, en entrée, du chou et du navet marinés.

Au restaurant vietnamien, des nems savoureux et un plat de nouilles au poivre.

ça, c'est le premier niveau. Bon.

Mais la plupart du temps, c'est mieux que ça, c'est très bon, voire délicieux.

Plusieurs plats un peu partout sur la table, chacun a commandé ce qui lui faisait envie, et l'on partage tout. Pour manger, des baguettes bien sûr, assez efficaces avec le riz collant ou les morceaux de viande, beaucoup plus compliqué pour les nouilles et les champignons glissants.
Pour manger des ailes de poulet, toujours des baguettes. Usage des doigts autorisé, heureusement.

De la fondue pékinoise, des plats de poisson du sud, des mets épicés du Sichuan, Hongkongais, Cantonais, Taiwanais... Les cuisines de toutes les régions sont représentées à Pékin, un voyage gustatif à travers toute la Chine.

Parmi mes plats préférés, ceux concoctés par Yuan.

Une salade de concombres. Taper (pour l'écraser) le concombre avec la largeur d'un grand couteau : retirer le gros des pépins. Ajouter de l'ail émincé, du piment rouge, du sel, du vinaigre, une cuiller d'huile chauffée, dans laquelle ont été trempés puis retirés des grains de poivre. Ajouter un peu de sucre. Frais, simple et succulent.

L'autre menu réjouissant, ce sont des ailes de poulet au coca. Le Coca Cola, oui, moi aussi, ça m'a surprise. Faire cuire les ailes de poulet. Dans une casserole, faire chauffer du Coca jusqu'à ce qu'il épaississe. Ajouter du sel. Verser la sauce sur le poulet cuit. Servir avec du riz, des champignons et des légumes verts. Délicieusement caramélisé.

Luce

Huhai Lake by night








L'adresse

A chaque fois que je prends le taxi pour rentrer chez Yuan, je ressors le morceau de papier sur lequel elle m'a inscrit son adresse en pictogrammes chinois. Un précieux césame qui fonctionne à merveille : après avoir été trimbalée dans la ville, je suis déposée devant son immeuble, comme par miracle.




Luce

Le marché du bas de chez Yuan




Atelier épluchage d'ananas et de noix de coco






Marché couvert aussi, avec ces éternels poissons dans leur aquarium. On ne les voit pas bien parce que je me suis faite jeter avec mon appareil photo, mais il y a aussi de gros crapauds.






Il y a même des oeufs verdâtres.


Luce

dimanche 17 avril 2011

Beijing, quartier d'affaires Xizhimen

Mercredi 13, Yuan a repris le boulot et me voilà invitée à manger par son patron, Gabriel Grésillon, le correspondant des Echos à Pékin. Jeune et sympa. Il est là depuis octobre, occupe avec sa femme et leur bébé un appartement de grand standing à deux pas du bureau du journal.





L'occasion de plonger dans les dédales d'immeubles en verre tous plus haut que les autres. Même mon taxi s'y perd avec tous ces bâtiments. Il finit par me déposer au bon endroit.





Petite bouffe sympa sur le thème de l'expatriation, de la bouffe chinoise et de la grossesse.

ça me permet de voir le nouveau bâtiment de CCTV, la chaîne télé d'Etat, une arche de verre et à l'intérieur, des milliers de petits soldats au service de la propagande chinoise. Des dizaines de chaînes, plusieurs langues, voilà le site de la chaîne en français. J'ai une pensée pour la jeune journaliste française qui a fait de son année de travail dans ce bâtiment un bouquin que je n'ai pas encore lu mais qui a fait son buzz en France.

Luce

Samedi 9 à mardi 12 avril, 4 jours avec Yuan


Chauffeur de pousse-pousse à moteur, une sorte de mobylette avec charette intégrée pour transporter un à deux voyageurs

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Yuan en grand week-end de quatre jours, nous allons pouvoir bourlinguer toutes les deux dans la capitale.

Au programme, d'abord, le samedi : le marché aux antiquités Panjiayuan. Métro Jintsong. Avant ça, un autre métro pour aller déposer mon appareil photo défectueux dans le 'temple' de la photo.
Il y a des 'temples' spécialisés dans tous les domaines : le même jour, pas loin du marché aux antiquités, on traine par exemple dans un grand centre commercial uniquement dédié aux lunettes. Je n'ai pas pu résister, il a fallu que j'en achète une paire qui donne l'air débile.





L'autofocus de mon appareil photo était tombé subitement en rade, c'était dans le train en arrivant en Mongolie, pendant une semaine, j'avais du prendre des photos en mode manuel, moins pratique pour dégainer. Eh bien pour changer le moteur de mon objectif, c'était ce qui merdait, il m'en a coûté 260 yuans, moins de 25 euros.
Alleluia.

Bienvenue en Chine, tu peux te payer des choses que tu ne te permettrais qu'après moult réflexions en France. Eh oui, tu es dans l'usine du monde, alors autant se servir à la source, tu paies les mêmes produits que tu trouves en France 4 fois moins cher, et encore, parce que tu es touriste.

Tentations infinies, d'autant plus dans le temple de la photo. Mais bon, le voyage coûte déjà un bras, je ne vais pas non plus rentrer manchot.

Avant de traîner dans les allées du marché aux antiquités, nous allons nous restaurer juste à côté. Un restau populaire, très fréquenté, assez crade. Mon attention se porte sur les aquariums au fond de la pièce. A l'intérieur, non pas des poissons rouges, mais des poissons qui vont servir à préparer ton plat du jour. Gris et gros.
"Ils ont pas l'air bien les poissons, là !"? Tu m'étonnes, ils flottent. Deux énormes masses inertes et qui flottent. Il n'y a que moi que ça dégoûte ?
On me sert mon repas. Riz, comme d'hab, boeuf et champignon, accompagnés d'une sauce marron gluante.
Ni bon ni mauvais mais ça doit être les poissons, qui me fixent là bas au fond. J'ai l'estomac retourné. Psychologie du poisson ou parasite alimentaire, juste après, je bascule dans une gastro aussi brève que douloureuse.

L'arme du crime est en arrière plan sur la photo

Bon, en sortant du resto, cartons débordants de marchandises et motos en tout genre garées, nous pénétrons dans le marché.





Parmi tous les stands pour chiner (vases imitation Ming, bijoux, jade, objets déco, tables...), ceux qui m'intéressent le plus, ce sont ceux avec les affiches. De propagande surtout. L'une de mes passions.

Mao et la Révolution culturelle chinoise.


Une affiche publicitaire style Shanghai, c'est chouette aussi

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Dimanche 10, banane, riz et Smecta encore de rigueur, c'est pas encore la grosse patate.
Mission du jour : la Green Cow Farm, une ferme 100% sans pesticides. C'est suffisamment rare en Chine pour que ça vaille un reportage. On verra au retour si je peux le vendre à un magazine. En attendant, ça permet de sortir des sentiers touristiques, d'aborder des questions environnement, et de quitter la ville.
La ferme est assez loin dans le nord est, à la périphérie de Pékin. 4 métros plus tard, un bus introuvable et une excursion en remorque au-dos-d'un-homme-qui-a-eu-pitié-de-deux-âmes-perdues plus tard, nous trouvons enfin la ferme. Après-midi dans le vert des feuilles de choux sous serre, dans les grognements des porcs puis dans les mets du café-restau 100% bio, le seul à Pékin, d'après mes informations. Gâteau de carottes et yaourts au lait de la vache qui elle même ne consomme que l'herbe broutée dans un champ garanti sans engrais.






(photos @Lin Yuan)
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Lundi 11
ça y est l'air de la campagne m'a totalement requinquée, je suis parée pour la Grande Muraille. Ce matin, nous décollons de très bonne heure. Métro jusqu'à la gare routière de Dongzhimen, nous chopons un bus qui nous emmène jusqu'à Miyiu, une heure et demi de route en direction du nord est. Lancement de la saison touristique le vendredi 15 avec bus desservant les sites de la Muraille. Nous sommes le 11, il faut prendre des bus lambda, avec plusieurs correspondances. ça ne coûte rien. 15 yuans pour faire 75 bornes environ, un peu plus d'un euro.

Nous voulons aller à Si Ma Tai, portion encore préservée de la Grande Muraille. Moins touristique car plus loin de Beijing, donc plus authentique. Le problème c'est qu'en arrivant à Miyiu, on apprend que l'entrée de Si Ma Tai est fermée pour restauration. ça avait totalement échappé à Yuan. Qui du coup se renseigne à droite à gauche. Un rabatteur nous suit et nous propose de nous emmener dans une portion de Si Ma Tai tout de même accessible. Du genre collant le rabatteur. Il va nous convaincre, pense-t-il. Yuan ne l'entend pas de cette oreille, et devant tant de lourdeur, finit par monter en pression. Le rabatteur l'insulte. Je suis dans mes petits souliers.
Le rabateur parti, des conducteurs de bus nous indiquent comment accéder à la Grande Muraille. On grimpe dans un minibus. Je suis debout entre les sièges, sans aucune idée du temps qu'il va falloir se maintenir dans cette position, quand je suis sauvée par mon ventre rond, laissé bien en évidence pour susciter un peu de compassion (j'avoue). ça fonctionne, même pas besoin de faire les yeux humides, un homme me laisse sa place. Ouf ! encore une bonne heure de route dans les montagnes. Heureusement, elle est en bon état, "c'est parce qu'on est dans le coin de Pékin", m'explique Yuan. Dans les autres provinces, autant dire que sur le bitume, ça secoue.

Bercée par les conversations en mandarin, soûlée par le ronron du moteur et grisée par la vue des paysages de campagne.

Soudain, le bus s'arrête pour nous. Entrée d'un village. Effectivement, on voit la Grande Muraille, mais elle est loin, non ?
Notre but sera de l'atteindre. Petite randonnée de rigueur. Je transpire à grosses gouttes, j'ai du mal à me hisser, ça grimpe sévère, il fait très chaud. Au bout d'un moment, il faut s'avouer vaincues, on ne pourra pas y accéder. Bien trop escarpé.
Ce n'est pas grave, la vue est superbe. Un coup d'oeil en l'air, apparaissent tout près les fortifications, de l'autre côté, des montagnes à perte de vue. Sublime. Nous sommes toutes seules au milieu de ce paysage grandiose. Nous sortons nos pique-nique, c'est le bonheur.











Retour à l'arrêt de bus. Il faudra du temps pour rentrer sur Pékin. Nous traversons un village. Pratiquement désert. Caquettement des poules qui grignotent le plastique de décharges improvisées, poulaillers de bric et de broc (ci-dessous), aboiement des chiens à l'entrée des masures.
Briques rouge et inscriptions porte-bonheur. Celles-là même que je découvrais à travers la vitre sale du train en arrivant en Chine par les rails. Cette fois, je suis vraiment tout près des paysans de la montagne.



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Mardi 12, le quartier musulman. Une rue en fait, qui porte le nom de la mosquée : Niujie.



C'est la plus ancienne et la plus importante mosquée de Pékin. Parfait syncrétisme entre temples bouddhistes et minarets arabisants. Son gardien est très sympathique. Yuan lui explique que je suis étudiante en histoire et que je travaille sur les musulmans de France, (un vilain mensonge mais comme je n'ai qu'un visa de tourisme je me méfie). Je l'interviewe. Yuan fait la traduction simultanée. J'apprends combien il y a de musulmans dans la ville, jusqu'à 300 000 environ selon les statistiques officielles. (30 à 50 millions en Chine surtout dans le nord et l'ouest du pays). 74 mosquées dans la ville selon Feng Guoqiang, c'est son nom. Souriant, calme, abordable. Très croyant aussi.


C'est lui, à droite. Il passe plus d'une heure à répondre à nos questions. Mode de vie des musulmans en Chine, (cinq prières, ramadan, habillement, écoles), formation des imams, stigmatisation éventuelle, révolte des Ouighours, spiritualité, avenir, il n'élude aucune question. Il ne voit pas de hic, il déplore seulement que les jeunes générations délaissent les mosquées, et qu'il n'y ait que 200 croyants qui pratiquent de manière fervente dans sa mosquée. Il se dit musulman avant d'être Chinois, par respect pour son Créateur, il se préoccupe de l'avenir de ses frères et soeurs partout dans le monde. Il prône des mosquées ouvertes aux non musulmans, un islam de l'épanouissement personnel et collectif. Si j'ai un peu de temps et de courage, je mettrai peut-être en ligne son ITW sur la longueur.





Une personne et un lieu qui dégagent une vraie sérénité.



Luce

Beijing, un paradis pour femmes enceintes : des toilettes publiques tous les 500 mètres !

C’est une bénédiction. Tu es enceinte, tu as besoin d’aller uriner toutes les 10 minutes. Eh bien, pars une après-midi entière et bois des litres d’eau sans nulle crainte : tu trouveras de quoi vider ta vessie capricieuse.

Je te garantis la gratuité. Pas la propreté à tous les coups. Toilettes turques, enfin chinois, quoi qu'il en soit tu t'accroupis. Ne compte pas trouver du papier pour t’essuyer, ce n’est pas non plus Noël. Quand tu en as marre de te plier en deux, tu peux aussi opter pour les toilettes ‘handicapés’.

Tu reprends ta route le corps plus léger, et tu jettes un dernier coup d’œil aux affiches collées sur la devanture des toilettes publiques.

Je vous laisse apprécier. Ce n’est pas une blague, c’est véridique et tu trouves ces mises en garde très fréquemment.

Luce

Glaviots, morve et mégots


Les campagnes se sont succédées à Pékin pour éduquer les habitants avant les JO de Pékin : il ne faut pas cracher par terre, ni se moucher avec les doigts. Apparemment sans succès. Pendant deux semaines, partout, râclement de gorge profond et le crachat qui suit mécaniquement. Le plus souvent en extérieur, mais régulièrement dans les bâtiments. De gros glaviots lâchés surtout par des hommes mais aussi par des femmes. Cracher n’est pas une question de genre. Quand c'est ta marchande de légumes, ça t’écoeure légèrement.

Le mouchage sans mouchoir : la tête inclinée sur le côté, le doigt appuyé pour boucher une narine, évacuation visible de la morve par l’autre narine, qui atterrit sur le côté du trottoir. Plutôt bien visé, bon, il en reste un peu sur les doigts après.

La clope, c’est autre chose. Moins crade en soi, mais tout aussi dépassé pour nous, Occidentaux aseptisés. J’avais oublié ce que c’était de manger dans un resto enfumé. De voir des gens fumer dans un bus confiné ou dans un couloir d’appartement. Là aussi, pas de jaloux, hommes et femmes, d’âge mûr surtout : même combat.

Luce

En Chine, une ville de 500 000 habitants est une ‘petite ville'


J’adore. Les échelles de valeur. Tu vas en Chine et elles sont chamboulées. L’empire du Milieu vient de franchir la barre des 1,34 milliard d’habitants. La France entière et ses 65 millions d’habitants, c’est à peu près la somme des habitants des 6 plus grandes villes chinoises : Shangai, Beijing, Hong Kong, Chongqing, Tianjin et Shenyang.

Prenons Shangai et ses 14 millions d’habitants (hors agglo). Et comparons. Paris, c’est moins de 2,5 millions de personnes intra-muros, 6 fois moins.

En Chine, près d’une soixantaine de villes ont plus d’un million d’habitants, sans compter l’agglo. En France, il n’y a que Paris qui passe ce cap. Et seule Marseille passe les 500 000, toujours sans l’agglo, Lyon intra-muros frôle cette barre sans l’atteindre.

Cette réalité m’est apparue au cours d’une conversation avec Yuan. On discutait de sa province d’origine, le Guangdong, on en est venues aux villes alentours. C’est là qu’elle m’a parlé d’une ‘petite ville’ de 500 000 habitants.

Un bourg, c'est 20 000 habitants environ, quand pour nous c’est une petite ville de province, eux c’est le rang juste après le village. Après, tu as le district, et seulement après la ville, puis la province.

J’ai réalisé. La tentaculaire Chine et ses Chinois qui sont tellement nombreux. L’Union européenne, c’est 500 000 millions d’habitants à 27 pays. 3ème rang mondial derrière la Chine et l’Inde.

Luce

Chez le coiffeur à Beijing


Yuan se plaignait de sa frange, moi de ma coupe, ni une ni deux, nous sommes allés chez un coiffeur, pas le plus près de chez elle, mais chez son ancien coiffeur. Une dizaine d’employés, beaucoup inoccupés, j’enfile un peignoir, je suis guidée au bac pour le shampoing. Un peu dégueu le bac, disons qu’il reste des cheveux de mon prédécesseur. J'évacue l'idée. Température de l’eau impec. Un puis deux shampoings, tout comme en France.

Cheveux encore dégoulinants, on m’affecte à un coiffeur, jeune mec dans le vent. J’ai expliqué à Yuan ce que je voulais, traduction faite par ses soins, je suis téméraire mais quand même j’aimerais bien qu’il ait compris.

On ne parle pas. Pendant une heure, il attache, coupe, recoupe, observe, dégrade. Du travail méticuleux. Il sèche. Résultat impeccable. Joie. Non seulement il ne m’a pas raté, mais en plus c’est très réussi. Je crois que c’est l’une des premières fois où je n’ai pas envie de me mettre un sac sur la tête en sortant de chez le coiffeur. Pouce relevé, ‘very nice’, j’ai la banane. Je rejoins Yuan, sa coupe courte lui va aussi à merveille.

Un coiffeur me fait la causette en chinois avant que Yuan daigne lui dire que je ne comprends pas, il me complimente. Regain de fémininité après trois semaines et demi de vadrouille, de tee-shirts Queshua et de rotation de fringues ultra limitée.

Vient le temps de passer à la caisse. Yuan m’invite. J’hallucine sur le prix. Les deux coupes pour 40 yuans, moins de 4 euros. Le coiffeur n’est pas cher en Chine, mais là c’est vraiment donné.

Et voilà, c’est ma veine, je tombe sur THE coiffeur, pas cher et intuitif, et il faut qu’il soit à 9000 bornes de chez moi !

Luce

Il pleut du pollen sur Pékin

Instantané jeudi 14 avril.

Depuis deux jours, il neige sur Pékin. Du pollen. Il tombe du ciel, traverse les routes bondées de la capitale chinoise, pénètre dans les taxis. Il fait tousser et moucher les habitants, certains mettent un masque, d’autres s’agacent et le chasser, d’autres enfin s’amusent à souffler pour le faire voltiger de plus belle. Les arbres fruitiers sont partout, en ville et à la campagne, pommiers, cerisiers en fleurs, et toutes sortes d’arbres que je ne connais pas, ils parfument la ville, lui donnent une couleur rosée et blanche. Le printemps chinois.

Luce

Le Great Firewall


Chouette, on arrive en Chine, ! On va enfin avoir une connexion potable pour Internet, avais-je naïvement pensé en prenant mes quartiers à Beijing. Désillusion en arrivant à l’auberge de jeunesse. Ah ça oui, tu as le wifi, no souci, ils ont même prévu dans ta chambre la prise adaptée à ton ordi et le câble éthernet qui va bien pour te connecter sur la Toile.

Mais, que tu as la mémoire courte, tout ce que tu as lu sur la censure en Chine, eh bien ça y est tu l’expérimentes toi aussi !

Tu ne peux pas accéder à la moitié des sites sur lesquels tu passes tes journées en France. Pas de Facebook, pas de blogger.com. Donc finalement, je ne peux pas alimenter notre blog ni poster des photos de voyage sur Facebook.

La censure frappe toujours fort en Chine. Le Great Firewall.

Ne te fatigue pas à taper sur le moteur de recherche Google ‘Tiananmen 1989’, ‘Falun gong’ ou ‘censure en Chine’, ta page restera blanche ou ta connexion internet sera réinitialisée. Idem sur le moteur de recherche numéro en Chine, Baidu.

Mais mon hôte, Yuan, journaliste et jeune femme dans le vent, fait partie de ces Chinois qui parviennent à contourner le Great Firewall. Oh, ils sont loin d’être tous des blogeurs engagés, mais ils veulent avoir accès à un plus large panel de sites. Ils franchissent la ligne rouge. Ils sont des cyberdissidents.

Et voilà comment ils font. Il faut s’armer de patience, c’est technique, mais ça marche la plupart du temps.

En rentrant de France, il y a deux ans, Yuan a écumé des forums et a fini par trouver des infos. Elle avait trouvé la solution du logiciel Tor qui permettait d’être hébergé par un serveur aux Etats-Unis, des plombes pour se connecter, et la connexion pouvait couper à tout moment.

C’était avant d’interviewer Beifeng (‘Vent du Nord’), le blogeur dissident chinois le plus connu, récompensé à la fin de l’année 2010 du Prix des Droits de l’Homme de la République française pour son action sur la Toile chinoise.

(Je l’aurais imaginé implanté à Beijing, mais non, lui officie depuis Hong Kong et Canton. Les cyberdissidents sont répartis sur tout le territoire chinois, principalement dans les villes.)

Il lui a expliqué une méthode bien plus efficace pour aller sur Facebook et autres sites, réseaux sociaux et micro-blogs interdits.

Tu vas sur le site internet Taobao.com, une caverne d’Ali Baba du Net où tu peux trouver toute sorte de produits neufs et très bon marché : du mascarpone, de la Chimay, des baskets de marque ultra soldées, des draps ou une machine à laver. Ta commande est livrée chez toi sous quelques jours.

Tu peux aussi acheter le logiciel qui va te permettre de devenir pirate. Il s’appelle Ssh. Ensuite, tu télécharges Firefox et une application qui te permet de te connecter via un serveur proxy étranger, autoproxy par exemple.

Puis tu as tout un tas de codes à rentrer :

ssh –D 7070 2y59112154@ssh2.xiaod.in

puis qtwli

Si c’est bien installé, dans une fenêtre violette apparaît ‘welcome’, tu peux aller taper sur Firefox tout ce qui te fais envie. Enfin, ne sois pas trop gourmand non plus. Tu ne pourras te rendre que sur la liste des sites autorisés par Ssh, ça comprend par exemple Facebook, mais il n’est pas rare que le site soit inaccessible.

Système D répandu mais pas si évident à installer, d’ailleurs Yuan n’a pas réussi à le faire sur mon ordi portable.

Après la récente prise de becs entre Google et le gouvernement chinois, le premier accusant le second d’aller puiser des infos dans les comptes gmail de ces clients pour mieux traquer et arrêter les droits de l’hommiste, Google s’est installé à Hong Kong, le moteur de recherche est donc moins stable en Chine.

Cela faisait quatre ans qu’il acceptait de limiter son moteur de recherche pour être en accord avec le gouvernement chinois et rester implanté sur le plus gros marché des internautes du monde.

Le blogeur et artiste très connu en Chine et à travers le monde Ai Wei Wei, a été arrêté en Chine début avril. L’info est passée inaperçue en Chine, sauf dans la sphère des droits de l’hommiste, militants et blogeurs, et du côté des médias étrangers. Motif invoqué ? ‘Pas besoin de motif, tu es en Chine, on t’arrête sans te donner d’explications’, me répond Yuan en reposant sa tasse de thé fumante. Elle reste silencieuse. Fin de la conversation. Après vérification, le motif serait 'soupçons de délits économiques'. Et pas droits de l'homme bien sûr.

Luce

'Quand je s’rai vieille, j’irai m’installer à Beijing'


L’idée m’a traversée l’esprit plusieurs fois. Précisément entre le moment où je sortais de l’appartement de Yuan et le moment où j’appelais l’ascenseur. ‘Quand je s’rai vieille, j’irai m’installer à Beijing’. Il fait bon être vieux en Chine. Idée un peu con je le reconnais. Si je dis ça, c’est parce que je n’ai pas vu beaucoup de personnes âgées isolées. Celles de l’immeuble de Yuan passent leur journée à fumer des cigarettes, jouer aux cartes et discuter. Ensemble. C’est répandu en Chine. Les personnes isolées sortent de chez elles, et se regroupent pour être plus fortes et moins seules. Beaucoup de vieilles dames, pas forcément très vieilles d’ailleurs.

Je repense à ma voisine de 85 ans à Belfort. Elle ne sortait jamais. Ce n’est pas faute de lui avoir proposé de l’accompagner au parc en face de chez nous. Non, cette femme très fière ne voulait pas se mêler aux autres ‘vieux’, elle qui ne se reconnaissait pas en eux. Ceci dit, c’est vrai qu’ils n’avaient pas l’air de s’éclater les vieux du parc de la Roseraie à Belfort. Ils prenaient un bol d’air les uns à côté des autres. Transparents.

Il m’a semblé que les vieux en Chine avaient plus de corps. Peut-être un peu plus la santé à force d’exercice. aussi Et surtout étaient plus visibles. Ils ne semblent pas mis au placard. Ils ne demandent pas leur reste pour avoir des activités. Tu les vois dans le métro, leur thermos de thé accroché à la ceinture, jogging et baskets, ou jeu de cartes dans la poche.

Attention, je ne dis pas qu’en France, il n’existe pas des personnes âgées qui se regroupent spontanément, ça se fait aussi, notamment dans les villages ou via les foyers ruraux, les clubs, les MJC ou les maisons de retraites.

Mais rien à voir avec l’institution qu’est le rassemblement des gens en Chine. L’individualisme qui se développe à tout va dans le pays n’a pas encore transformé certains modes de rapport au collectif. L’individu n’est que la partie d’un tout. Cela fait peur en fait. Me reviennent les images des étirements du matin obligatoires avant d’aller bosser, la voie unique du communisme, la censure et la propagande.

N’empêche que dans les parcs et sur les bancs publics, jeunes et vieux se mêlent un peu plus, et il n’est pas rare de voir une femme d’âge mûr bien sous tous rapports se déhancher corps et âme dans une danse effrénée ou partir dans un rire tonitruant. Sans peur du regard de son voisin.

Luce

mercredi 13 avril 2011

Beijing au jour le jour - J 3, 4 et 5 : Dure la vie de touriste !


Mercredi matin, 6 avril.
Je suis en vacances mais j'ai un emploi du temps de ministre. Beaucoup de choses à voir à Beijing, et je ne veux pas en perdre une miette. Alors que Niko est reparti le matin pour la France, que Yuan s'absente jusqu'à vendredi soir pour le travail, je me suis concoctée un programme pour les journées de mercredi, jeudi et vendredi (6, 7 et 8 avril).

ça commence fort. La nuit de mardi à mercredi est totalement ratée. Une bande de crétins hollandais en voyage scolaire complètement bourrés ont gueulé dans les couloirs toute la nuit.
Mal lunée, réveillée avant l'aube, je déguerpis de l'auberge et vais m'installer chez Yuan. Un coup de taxi et me voilà dans le deuxième périphérique est, il y en a six à Beijing, je suis donc bien située, près de la ligne 2 de métro Dongsi Shitiao.
J'ai dans l'idée de ne pas faire grand chose finalement, de glander. Je vais traîner un peu sur des sites internet. Après l'actu, la grossesse. Je prends des renseignements. Et là, horreur, je tombe sur des articles sur la toxoplasmose. Et je flippe. Angoisse incontrôlable. C'est sûr, je l'ai chopé et je ne le sais pas. Que faire ? Je suis seule à Pékin, je ne rentre en France que dans dix jours. Pendant deux heures, je suis prête à appeler l’assistance médicale et rapatriement de ma CB, à débouler à l’hôpital en face de chez Yuan. Finalement, je décide de repousser l'angoisse, et de continuer mon programme de voyage : rester jusqu'au 16 avril. Pas de raison particulière de s'affoler. Je serai quand même soulagée une bonne fois pour toutes quand j'aurai fait faire ma sérologie, demain. Et que j'aurai de bons résultats. La toxo, flip des futures mamans non immunisées, et ce n'est pas une question de voyage mais de malchance.
Bref, j'arrive à sortir de mon angoisse paralysante, je me rends au Temple du Ciel.
Bien m'en a pris. C'est l'un des meilleurs moments passés à Beijing. Entrée par un parc. De grandes allées et des chemins de traverse. Je m'enfonce un peu plus, attirée par une forte musique.

Une séance de karaoké en plein air. Un gros barbu à lunettes s’égosille dans le micro et sa partenaire braille dans le sien de sa voix de crécelle. Monstrueux tellement ils chantent faux, tellement le son est saturé, mais ils poursuivent, imperturbables, de chansons en chansons. Des spectateurs marquent le temps du pied, dodelinent de la tête, et pour les plus motivés remuent plus visiblement.

A côté, des couples dansent la valse, des femmes s'étirent, des hommes bouquinent ou observent. Un peu plus loin, un petit groupe tape le carton. C'est du sérieux, ça parle fort, ça s'agite, ça débat. Puis la partie est finie, on rigole ensemble et puis on se sépare. Chacun repart à ses occupations.. Les amis se donneront rendez-vous une autre fois au parc pour jouer, s’occuper, passer du bon temps. Des inconnus pourront se joindre à eux.

Des inconnus qui observent aussi, dans le couloir qui mène au temple, les parties de cartes et d'échecs.









Ces loisirs semblent les rendre heureux. Les Pékinois du parc se concentrent, discutent fort, se reposent. Et sourient beaucoup. Je me suis demandée s’ils étaient toujours comme ça. Non, à voir les tronches que certains tirent dans le métro, ils font aussi la gueule. Mais en tout cas, ils savent prendre du bon temps et partager un peu de leur bonne humeur.

Quant au Temple, il est grandiose.



En sortant, reboostée par ce bon moment, je vais me promener dans les hutongs (des quartiers d'habitation traditionnels) du coin, Yuan m'a dit qu'ils étaient plus authentiques que ceux qu'on avait visité.

Elle ne m'a pas menti. Je me laisse perdre dans les ruelles. Moment magique.



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Jeudi 7 avril, mission Palais d'été. C'est loin, le Palais d'été. Et l'entrée n'est pas si simple à trouver. Ce n'est pas plus mal, je suis du coup tombée par hasard sur un immense marché très populaire. On n'y trouve surtout des légumes et des aliments mais aussi les 'ateliers de recyclage', les parkings à vélos et les marchands ambulants de papate douce.







Le Palais d'été, ce n'est pas un Palais mais une succession de petites pagodes, perdues dans un immense parc.



Ensuite, place Tian'anmen, version jour normal, il n'y a plus foule, la place gigantesque semble bien vide.



Retour au Huhai Lake, un peu de shopping et puis passage près des Temples du Tambour et de la Cloche.


Même pas pris de pousse-pousse !

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Vendredi 8 avril

Aujourd'hui, quartier Chayoang nord, un des six districts. C'est le district dans lequel vit Yuan, je vais donc rayonner à partir de là. Quartier d'art contemporain Dashanzi.

L'art contemporain, absent il y a encore quinze ans à Beijing et qui a maintenant ses quartiers. Plus institutionnel que Caochangdi, un quartier plus underground menacé de destruction. Dashanzi reste un chouette endroit pour visiter une série de galeries contenant des oeuvres parfois étonnantes, pénétrer dans des boutiques de créateurs innovants, et admirer des statues et des caricatures en plein air.




Impression de sortir de Pékin et même d'Asie, c'est surprenant. Même à table, quand tu manges dans un des restos, beaucoup de touristes de toutes les couleurs, tu ne sais plus où tu es.

Après, je suis allée sur le site olympique. Nid d'oiseau (et ) piscine olympique. Mystère, je ne retrouve plus mes photos. J'en mettrai si je remets la main dessus. Musique de héros, grandiloquence pour chanter la grandeur olympique chinoise. Bof. Oui, des belles installations sportives, pas mal de touristes, mais beaucoup d'espace vide. Une immense allée qui si tu parcours des kilomètres te ramène place Tian'anmen.

Luce