jeudi 7 avril 2011

Oulan Bator - Capitale Mongole

Lundi 4 avril, début d’aprem, en passant les tunnels qui traversent les montagnes avant d’arriver à Pékin

en arrivant à Oulan Bator

gare d'Oulan Bator

Place Souke Bator

derniers buildings construits ci-dessus

quartiers Sud d'Oulan Bator ci-dessus

‘Oulan Bator, ses bâtiments d’inspiration soviétique gris et délabrés. Ils sont partout, plus ou moins alignés, certains dénotent tout de même avec leurs façades rouges, blanches, ou orange. A leurs côtés, au centre-ville, des buildings dernier carat siglés des marques internationales, et quelques boutiques de luxe genre Louis Vuitton. Mais qui peut bien s’acheter des sacs Vuitton à Oulan Bator ? Ces dames bien nées qui ont épousé un riche entrepreneur. Leurs maris spéculent dans la mine. Mine de charbon, de cuivre, d’or, la Mongolie détient d’importantes ressources en minerais, réparties sur tout le territoire. Ou alors ils ont fait affaire dans l’import-export avec la Chine. D’après Mejet, notre hôte et guide en Mongolie, le salaire moyen augmente en ce moment : il atteint les 1000 dollars dans les grands groupes, monte à 400 dollars dans les officines. Bien sûr, il s’agit là d’une estimation sommaire et les disparités sont énormes entre un riche entrepreneur et un cireur de godasses.
Les plus pauvres comme partout s’entassent dans les bus ou les taxis, les plus fortunés roulent en Land Cruiser, en Hummer, et les rues d’Oulan Bator offrent le spectacle de la compétition entre mâles grisés par le succès. On a aussi droit à un concert de klaxons : les habitants d’Oulan Bator roulent comme des tarés, ils créent cinq voies de circulation quand il n’y en existe qu’une. La petite touche rigolote, c’est qu’ils roulent tous comme nous à droite, mais ils ne tiennent pas toujours le volant à gauche : quand ils conduisent une voiture japonaise, le volant est à droite. Autant dire qu’ils prennent des risques pour dépasser un véhicule. Ça ne leur fait pas peur.
Ces voitures en surnombre rajoutent bien sûr à la pollution ambiante, colossale dans la ville. A cause des usines qui tournent au charbon, des vastes chantiers, mais aussi, c’est plus surprenant, du mode de chauffage dans les gers, ces camps de yourtes qui se sont incrustés partout en périphérie de la ville. Le charbon de leur poëlle est vraiment de troisième zone, à tel point que c’est la principale source de pollution à Oulan Bator.

Dans ces gers, s’empilent d’anciens nomades qui ont fui la misère de la campagne. Misère engendrée en particulier par des hivers trop rudes, les zuuds, qui ont tué des millions de bêtes au début des années 2000, mais aussi l’année dernière et cet hiver encore. En cause, le dérèglement climatique. Mais aussi le boom du commerce du cachemire porté par la mondialisation. Le cachemire est produit par les chèvres. Les chèvres qui ne se contentent pas de brouter l’herbe, mais qui l’arrachent littéralement, causant de graves dégâts écologiques et dérèglant l’écosystème. On ne peut pas en vouloir aux paysans, ils gagnent 70 000 MNT (monnaie locale, environ 60 euros) pour un kilo de cachemire (4 chèvres), quand les peaux de moutons rapportent 600 MNT seulement.
Exode rural. Direction la capitale, déjà grosse de plus d’un million d’habitants. Un million sur trois en tout. Sur un espace trois fois gros comme la France. Certains prédisent qu’il y aura d’ici dix ans 2 millions d’habitants à Oulan Bator. Ca me rappelle Tanger, au Maroc, et ses bidonvilles anarchiques qui poussent eux aussi comme des champignons en périphérie. Là aussi peuplés de campagnards.
Les ploucs des steppes à la ville, les citadins d’origine voient ça d’un mauvais œil, eux qui essaient de tirer leur ville vers le haut, c’est-à-dire pour eux, les standards occidentaux. Les ploucs crachent, volent, ne savent pas se conduire en société, c’est ce que nous dira un Mongol éduqué.

Quand ils ne deviennent pas ouvriers, ils deviennent orpailleurs. Ils cherchent de l’or dans la Tuul, l’une des principales rivières autour d’Oulan Bator, ne ménageant ni leur santé ni l’environnement quand ils dynamitent le sol, creusent et polluent durablement les nappes phréatiques, déjà contaminées par les rejets des usines. Pas très loin, en Russie orientale, la rivière Selenga est gravement polluée. Elle vient se jeter dans le lac Baikal et menace de contaminer à son tour la plus importante réserve d’eau douce du monde.
Oulan Bator, c’est aussi une avenue commerçante bondée, l’avenue de la paix. Une très longue ligne droite genre perspective Nevski (pour ceux qui sont allés à Saint-Petersbourg). De part et d’autre, magasins de photos et d’ordinateurs, restaus en tout genre, banques, boutiques de souvenirs et puis en son point central, le ‘Department store’, les galeries Lafayette pour expat et touristes occidentaux. A côté, le café Amsterdam, toujours pour eux. Et puis le magasin de commerce équitable fondé par un couple d’Anglais, Martha et Mary, avec de très beaux objets made in Mongolia.
Oulan Bator c’est aussi ces voitures lambdas qui font les taxis. Très peu ont pignon sur rue. Beaucoup ont une carte collée sur le pare-brise qui les autorise à faire monter des clients. On a vite chopé le truc. Tu agites un peu la main devant toi, et le chauffeur te fait signe. Il te fait payer à peu près 500 MNT du kilomètre, c’est 30 centimes d’euros, ça ne vaut pas le coup de s’en priver.
Oulan Bator c’est aussi une couleur, le bleu du ciel. 280 jours d’ensoleillement par an dixit le Mongol éduqué dont je parlais plus haut, il faudra que je vérifie mais ça me semble très plausible. Il fait un temps magnifique, pas un nuage à l’horizon. Bleu azur rappelé sur les tissus placés autour du rétroviseur dans les voitures. Bleu du bouddhisme que l’on retrouve dans les temples, ou sur les ovoo, les monticules de pierres le long de la route, temples d’appoint pour voyageurs.

Oulan Bator, c’est encore le R’N’B qui sort par la fenêtre des voitures, le wifi gratuit place Soukhe Bator. Là où siège le parlement. Là où régulièrement, des opposants au pouvoir viennent signifier leur mécontentement. Nous en avons croisé qui manifestaient contre le président, réclamant plus de transparence sur l’argent dépensé. La Mongolie est une démocratie. Les Mongols semblent s’en être saisis. Ils demandent des comptes à leur gouvernement, même les nomades se regroupent pour être plus forts et défendre leurs terres. Ils les ont toujours utilisées pour leur élevage sans jamais les posséder, et des parcelles sont désormais achetées par des grands groupes internationaux qui investissent massivement dans la mine. Coincé entre les deux, le gouvernement peine à convaincre ses électeurs, et ménage les intérêts financiers du pays, voire ses propres intérêts. Quel est l’état de la corruption au sommet de l’Etat, je n’en sais pas assez pour m’aventurer à tirer d’autres conclusions.
Luce

Luce


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