samedi 9 avril 2011

En route pour la Chine - suite


'Lundi 4 avril, milieu de matinée, dans le train K04 reliant Oulan Bator à Beijing.

Réveil saisissant sur la Chine des campagnes, alors qu’à 14 heures, le train arrivera à son terminus : la capitale de l’empire du Milieu. Mon imagination décolle. Je suis parmi les paysans de l’ouest chinois, chevauchant mon vélo pour me rendre au champ. Je n’ai pas oublié d’apporter ma bêche. Mon père est déjà sur notre petite parcelle, le bœuf lui a déjà commencé à labourer le champ sous ses ordres. Dans tous les champs alentour ou presque, même scénario, scène de la vie ordinaire pour des dizaines de milliers de Chinois bien loin des métropoles et qui cultivent comme au temps jadis. Quelques machines, mais surtout l’animal et la force physique de l’homme.

Et puis entrecoupant les rectangles des champs, des maisons regroupées en hameaux. Maisons de briques rouge passé, toits asiatiques en cloche inversé, des femmes assises sur le banc à côté de leur maison. A travers la vitre sale du train, je les imagine refaire le monde en préparant des buzz, ces sortes de raviolis chinois typiques.
Le train ne donne pas droit à une deuxième chance : tu n’as pas vu où allait le monsieur qui marchait seul, tu ne sauras pas, il est déjà loin derrière, petit point qui disparaît de l’horizon. Mais là, à tes côtés, soudain Niko s’écrit ‘La grande muraille’, tu te penches, miracle, quelques-uns des 7200 kilomètres de la Grande Muraille de Chine s’offrent à ton regard, accrochés qu’ils sont à la crête des montagnes.
Nouveau plongeon dans un village. Les rails sont surélevés, nous avons une vue plongeante dans les concessions. Cour carrée. Autour, de la paille, elle-même parfois retenues par les rochers qui ont façonné le village. Un âne allongé, un homme assis sur ses talons, un autre qui dévale une grande pente. Toujours ces maisons de brique rouge, avec ces inscriptions et ces dorures. Même les masures les plus modestes semblent respecter une charte esthétique : code couleur, spiritualité affichée, une vie rustique et un paysage grandiose fait de rocaille, de montagne et de champ, alternativement.
De gros camions de chantier aussi parfois, des pylônes électriques, et puis soudain à nouveau des canyons et le désert de Gobi qui s’étire encore un peu.
Maintenant je vois des serres, et des femmes, foulard noué autour des cheveux. Elles se baissent et se redressent pour ramasser en un incessant va-et-vient.
Le spectacle que j’ai sous les yeux me fascine. Mieux qu’un documentaire. Une matinée quelque part entre le désert de Gobi et Pékin.
Luce

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