Mardi 22 mars – 21h30 heure de Moscou – à bord du train n°350 pour Irkoutsk.
Voilà un moment que je n’avais pas repris le stylo mais nous avons eu fort à faire ces 2 derniers jours. Arrivés à l’aéroport Sheremetyevo-2 de Moscou, j’ai eu l’agréable surprise d’apprendre que mes bagages étaient restés à Amsterdam.
¾ d’heure à remplir des fiches à l’aéroport, donc, en espérant qu’il me livre mon sac à dos à temps : le lendemain avant minuit, heure de départ du train que nous pensions prendre.
Après moult fiches, nous avons pris l’aérotrain en direction de Moscou centre et de l’auberge de jeunesse ‘Transsibérien Hostel’ dans le quartier de Kitaï Gorod, proche du centre.
Mais après 1 heure à tourner avec tout notre barda (mon sac en moins…), rien, niet à l’adresse indiquée. Pas une pancarte, une indication, que dalle, vous dis-je.
Lucie a fini par demander à un mec de sécu qui gardait une porte de résidence. A ce sujet, il y a des mecs de sécu partout, aux entrées de résidence, près des parkings, dans les banques, les supermarchés, les gares et tout autant de bidasses et d’uniformes en tout genre sans que l’on ne sache réellement qui est assermenté ou non. Ce foisonnement de képis et d’uniformes participe très largement à un sentiment d’insécurité, de potentiel mafieux et d’arnaques en tout genre pour le touriste moyen.
Les Russes ont l’air de savoir, eux.
Une chose est certaine, en 6 ans, date de ma dernière visite, le pays et ses gens se sont considérablement enrichis. Le parc automobile n’a rien à envier à ceux des pays d’Europe.Ca paraît débile mais c’est un élément qui reflète souvent le niveau social d’un pays (sauf aux Antilles…rire).
Mais revenons à nos chapkas. Le mec de sécu de la résidence comprend tout de suite ce que l’on cherche ! Incroyable.
La porte d’entrée était devant nous, à 5m. Nous l’avion s vu cette porte, au 12 de la rue Barashevsky mais ne comportant aucune indication et/ou information, nous pensions à une erreur du guide.
En fait, c’est l’auberge de jeunesse qui était une erreur…Porte noire, métallique avec un digicode, l’agent appuie à pleine main sur l’ensemble des chiffres sans en viser un plus particulièrement que les autres et l’on entend une sonnerie retentir.
Au bout de 5 bonnes minutes, une femme brune, cheveux courts, vient ouvrir la porte. Nous débouchons sur un hall d’entrée sale, désaffecté, puant la merde de chat dont la litière gît sous l’escalier. Sur les murs, on peut distinguer le nom des villes traversées par le transsibérien, peints à la main.
Au bout du hall d’entrée, un drap blanc grisé par la poussière bombé des lettres TSH : Trans Sibérien Hostel.
Pas de doute, c’est bien là. Nous montons les escaliers pour rejoindre notre hôte un étage plus haut.
Là, elle nous demande de patienter dans cette entrée d’appartement dont le sol vinyle est un jeu de routes ressemblant comme 2 gouttes d’eau aux 2m2 que ma mère avait dû m’acheter quand j’avais 5 ans.
On entend cette femme brune s’énerver, comme pour contraindre quelqu’un à venir nous rejoindre. De là, une jeune fille blonde recouverte de dreadlocks comme ressuscitée après un coma aqueux provoqué sans nul doute par un trop mauvais (ou trop bon) shit ingurgité en grande quantité.
Dans un anglais approximatif et entre 2 bâillements, cette narcoleptique nous indique nos lits dans un dortoir de 4 alors que nous avions payé pour un double.
Là, je commence à douter. Comment la compagnie aérienne va-t-elle pouvoir trouver ce bouge pour livrer mon sac ? Comment ‘Lonely planet’ a-t-il pu conseiller cette adresse dans son guide ? comment ça peut être autant la merde après une seule journée de voyage ?
Un bref tour du propriétaire, il fait très chaud, sans doute à cause de la gazinière dont les 4 feux sont ouverts en permanence ( !). L’autre maquerelle brune est en pyjama H24. Nous sommes chez mémé, dans un film entre ‘Hostel’ et ‘Les promesses de l’ombre’, flippant.
Eprouvés par ce début de voyage, nous devons reprendre des forces.
Demain minuit, pensons-nous, nous partons pour 3 jours et demi de train, il faut dormir.
Le lendemain, nous préférons omettre ‘ces détails’ et garder la foi. Après tout, l’aventure d’un voyage, c’est aussi cela.
Nous passons donc la journée à visiter l’hyper-centre de Moscou, la place rouge, ‘Old arbat street’, et traîner dans le quartier de Kitaï Gorod.
Petit détour par un restaurant style ‘Buffalo grill’ histoire de manger un plat cuisiné, un petit dernier avant 4 jours, délai pour rejoindre Irkoutsk en transsibérien.
Fin de repas, c’était bon, très bon, une viande russe dans le genre de nos escalopes à la crème. Nous sortons les billets de train informatiques. Gloups.
En lisant, j’avale une gorgée de bière de travers. Je m’arrête, je relis. Je blêmis. Je montre la date et l’heure de départ à Lucie : 21 mars 00h35. Elle blêmit aussi.
Nous sommes le 21 mars. Il est 21h00. Nous avons loupé le train d’une journée.
Dans nos têtes, tout va alors très vite. Les 400 euros déboursé par Luce pour ces billets, le nouvel achat de billet, quand ? Comment ? Quand on sait qu’un Russe à qui on dit 2 / TWO en lui montrant 2 de ses doigts fait mine de ne pas comprendre.
D’autant que la validité de nos visas nous oblige à reprendre le train d’Irkoutsk à la même date.
J’oubliais : Bonne nouvelle : mon sac a bien été livré à l’auberge…
De retour au Transsibérien hostel, la ‘dreadlockeuse’ a été remplacée par une frangine beaucoup plus réveillée et ça tombe bien : Marina.
Marina est notre chance, elle parle mieux anglais que nous, elle est Russe et elle est éveillée, sympathique de surcroît.
Elle se propose de nous accompagner à la gare Komsomolskaya, pour acheter de nouveaux billets avec un départ le plus tôt possible.
Ce sera donc demain, le 22 mars à 13h35 et ça nous coûte 200 euros. 2 fois moins cher qu’en passant par une agence, merci Pul Express.
Retour à l’auberge de jeunesse pour une nuit de plus sur ce lit double en forme de cuvette et avec l’autre zinzin en pyjama et son fer à friser.
Ce mardi suivant, nous nous levons tard. Nous sommes partis depuis 2 jours et c’est déjà riche en émotions. Une bonne douche car il n’y en aura pas avant 4 jours et nous entamons notre marche vers la gare, chargés comme des mules. J’en oublierai presque que Luce est enceinte. Il faut que je veille un peu plus sur elle.
Le train n°350 arrive au quai n°2 et au départ de Moscou, ce sont surtout des russes qui rentrent voir la famille en province.
Nous sommes sur les lits n°34 et n°36 en voiture 14.
Le chef de train nous envoie tout de même plus loin, me montrant les nombres 34 & 36 comme s’il s’agissait du numéro de voiture. C’est incroyable ce que le Russe moyen peut-être raciste. Luce dit endogène, mais c'est un mot que je ne comprends pas. Bref, on comprendra vite que de voir des Français, des étrangers, dans son train, sa voiture, qui plus est jusqu’à Irkoutsk alors que l’ensemble des Russes qui sont là vont peut-être jusqu’à Iekaterinbourg, Krasnoïarsk tout au plus, ça ne lui plaît pas.
Enfin, nous arrivons dans le compartiment IX, qui contient les couchettes 33/34/35/36. Le Skye bordeaux côtoie l’imitation bois PVC et les chromes façonnés par le temps.
A notre grande surprise, nous sommes les premiers dans le compartiment et c’est une chance de pouvoir s’organiser avant l’arrivée de nouveaux comparses. Avec les couchettes supérieures qui nous sont affectées, nous disposons d’un espace de rangement assez grand en bout de couchettes. Il s’agit d’un faux plafond des couloirs, ingénieux et très pratique.
NIKO
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