lundi 28 mars 2011

Tu as dormi ?

Plus besoin de nous poser mutuellement la question. Tous les matins, quand on défroisse nos visages dans la lumière du jour, on se demande si le train n’est pas passé dessus. Pas fermé l’œil de la nuit. Ça fait trois nuits que ça dure, je compense tant bien que mal avec une poignée de minutes volées au temps par ci par là. Niko ne dort pas mieux, et lui qui d'habitude dort dès qu’il pose la tête sur l’oreiller, je me dis qu’il y a du mal de fait. Ben oui, c’est très bruyant un train, ça secoue aussi beaucoup. Il fait très chaud dans le compartiment et on ne se dépense pas de la journée, le parfait cocktail pour ne pas dormir. Mais bon, on s’en fout, personne ne nous attend frais dispos alors on est un peu en vrac et on est d’autant plus contemplatif des paysages.

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L’ennui guette, il n’est pas loin. Alors hier soir, on l’a sorti. Quoi ? Le jeu de cartes. Une bataille. Il n’y a rien de plus pourri comme jeu. Et en plus Niko m’a battu, je n’ai pas aimé. Nonchalamment. Pour tuer le temps. On s’est beaucoup amusé, non pas par le jeu en lui-même, mais de constater qu’on commençait vraiment à s’ennuyer ferme. Au-delà de l’anecdote, c’est bon de ne rien faire. C’est tellement rare. Pas de journaux, pas de téléphone, pas d’internet. Ton compagnon de voyage, un bouquin, de menues occupations et le va et vient des passagers. Ah oui, surtout ! laisser la porte du compartiment ouverte, pour voir un peu la vie autour de soi. Oh, pas grand-chose ! Ton voisin de chambrée adossée à la fenêtre, la péteuse brune aux jeux bleus qui me toisent, me jeter un regard glacial parce que j’ai eu le malheur de tenter d’ouvrir la porte des toilettes pendant qu’elle y était, ce genre de choses palpitantes. Sonia, ses « coucous », et son rire explosif nous communiquent de la bonne humeur. Je ne donnerais rien au monde pour être ailleurs. On est bien, à l’autre bout du monde, à attendre impatiemment le prochain événement de la journée : la descente à la prochaine grosse gare pour marcher et se ravitailler.

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