dimanche 27 mars 2011



Jeudi 24 mars, entre Omsk et Novossibirsk, début d’après-midi

Nous réalisons. Non seulement l’épisode du transsibérien manqué était coûteux et ridicule, mais en plus, il nous fait perdre plus de temps encore que ce nous imaginions : nos deux jours à Irkoustk, ‘la plus belle ville de Sibérie’, sont déjà du passé, nous allons maintenant au moins essayer de sauver la visite du lac Baikal, avant de reprendre un autre train (moins longtemps, je vous rassure), pour la Mongolie.

Nous sommes partis le mardi 22 mars à 13 h 35, nous arriverons à Irkoutsk à 4 h 46 le jeudi 26 mars, heure de Moscou, 5 heures de plus heure locale. Ça fait quatre nuits dans le train, contre trois si on n’avait pas loupé le train. Celui qu’on a finalement pris est lent comme un corail, il s’arrête dans tous les bleds possibles et imaginables.

Les bleds, ils se ressemblent tous. Arrivée en ville : des grues, des immeubles blafards, hauts perchés et alignés, des cabanons tagués, des terrains vague. C’est vrai que les abords d’une gare sont rarement les endroits les plus charmants des villes, mais là quand même ça vaut des points en matière de désespérance. Pour nous simples voyageurs voyeurs, cela ajoute à la mélodie terne du trajet ; pour les Russes, c’est une autre réalité. La dureté de l’ère du constructivisme, le soviétisme dans toute sa splendeur architecturale : un toit pour tous, mais quel toit !

Autre paysage, mais plus à l’ouest de la Russie, d’immenses palissades de tôle, elles camouflent aux spectateurs du train la réalité de cabanes de bois brisées, désossées et pour certaines construites aussi avec de la tôle. Des palissades qui ne sont pas que des cache misère mais qui doivent aussi avoir une utilité : protéger les rails du vent et de la neige ?

Nous sommes le 24 mars. A ma gauche, à ma droite, de la neige, elle est partout, des congères énormes, que même à Belfort, petite Sibérie française, on ne voit plus depuis des semaines. La neige ; à perte de vue, le personnage principal de ce voyage en train. Le manteau blanc neigeux qui recouvre parfois quelques maisons de bois isolées et colorées de peintures vives, parfois d’infinies plaines. Souvent aussi, il y a des sapins. Des forêts de sapins qui rappellent les impressionnantes ressources en bois de la Russie. Tant de neige et de bois, l’appel du ski de fond…

D’autant que ce matin, pour la première fois, un ciel bleu, et une lumière d’une clarté infinie illuminait les alentours du train. Dans ce halo, il y avait, une fois n’est pas coutume, des bouleaux, et nous, prisonniers volontaires, évoluant au rythme des essieux grinçants du train n°350.

Luce

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