mardi 19 avril 2011

Dernier jour à Beijing


Dernier jour à Beijing et jour médian de ma grossesse. Comme un tournant, en somme. Depuis quelques jours déjà, je me sens très à mon aise dans la capitale, je trouve ma place dans le métro, je me repère dans la ville, j’ai mes habitudes chez Yuan, je donne à manger à son chat le soir tout en maudissant sa litière.

Pourtant, j’ai maintenant envie de rentrer en France. Plein de choses à régler, Pôle Emploi, la CPAM, la CAF, le suivi de la grossesse, les piges à venir, la maison, etc. Et puis j’ai envie de revoir Niko, la famille et les copains. Ben oui, aventurière mais pas seule au monde non plus. Hâte donc de rentrer à Paris. Ça tombe bien, je prends l’avion cette nuit. Une dernière soirée avec Yuan, un resto coréen. Je prendrai le taxi en toute fin de soirée, pour être vers minuit à l’aéroport. Mon avion décolle à 2 h 30 du mat’, bizarre comme horaire, c’est Aeroflot, je voyage russe. Arrivée prévue à 10 h 45 à Roissy Charles de Gaulle.

Pour mon dernier après-midi à Pékin, je retourne au parc du Temple du Ciel, j’y étais allée la semaine dernière, et ça m’avait vraiment plu. Cette fois, ça part mal. Métro bondé, chaleur étouffante. Des cars de touristes de toute nationalité. Il n’y en avait pas autant la dernière fois où c’est moi qui rêve ? Passage aux toilettes, et là une meute de vieilles dames chinoises très petites emplissent la pièce. Je rêve, elles sont en train de me griller la priorité. Je suis transparente. Je finis par me poster devant une porte close bien précise, mais malgré ça, une autre essaie de s’introduire aux toilettes dès que la porte s’ouvre. Je m’impose devant elle et entre dans les gogues. Dès que j’ouvre la porte, j’attends qu’elle se jette à l’intérieur. Ça ne loupe pas. Je ressors de ces maudites toilettes les nerfs en pelote. Moi qui voulais revivre l’idylle du parc, c’est mal parti.

Des hordes de casquettes marchent au pas. Rouges, bleus, blanches, oranges. Et le guide qui dresse un petit fanion de la même couleur. Je hais les touristes. Je sais, c’est complètement ridicule de dire ça, mais je hais le concept de voyage organisé, de voyage de groupe, de tourisme de masse. Des retraités ou des actifs peu curieux qui suivent le mouvement, j’éructe, je suffoque, je me planque dans une sous-allée pour échapper aux casquettes. Soudain, j’entrevois des mouvements de jambes, ce sont encore des Chinois, mais ceux-là sont de Beijing et dansent.

Hourra ! Je les ai retrouvé mes petits vieux ! Une musique navrante s’échappe de deux baffles haut perchés. Un pas de côté, un tour, les bras en l’air, ça bouge le popotin. Ils s’éclatent. Ah mais en fait y a pas que des petits vieux, il y a aussi des quadragénaires et même plusieurs jeunots. Ça fait rire Yuan et sa coloc ces gens qui dansent partout dans Pékin, elles trouvent ça ringard.

Dé-com-ple-xés les Pékinois.

Séances de taichi gratuites et en plein air dans les parcs. Tôt le matin surtout mais aussi avant le coucher du soleil et un peu partout en journée. Un seul mot d’ordre : bouger son corps.

Cela passe aussi par les jeux, barres et autres accessoires dans tous les parcs et des lieux plus improbables de la ville.

Cinquante mètres plus loin, une femme assez âgée est en train de jongler. Elle jongle du pied avec ce petit machin qu’on trouve partout en Chine, le jianzi, prononcez 'tienze'. Le ballon de foot local.


C'est une vraie championne. A une soixantaine d'années, elle jongle comme un gamin de club de foot. Et a passé son après-midi à faire des passes à ses amis. C'est ça aussi Pékin.


Luce

3 commentaires:

danjcc a dit…

je fais partie des vieux à casquette mes parents aussi.ns avons été jeunes ns avons révé de voyages ns n'avons pu les faire les raisons un bon journaliste devrait les trouver Alors le groupe rassure(sécurité santé temps manquant)Méfie toi plus des jeunes casquettes à l envers(les tournantes existent)
Au fait la haine d'une catégorie de personnes ça s appelle comment

niko et luce a dit…

Bonjour,

Je viens de lire votre commentaire sur le blog.
Je ne pensais pas avoir été si dure avec 'les vieux à casquettes', c'est l'effet de masse qui était stupéfiant et le comportement de certains groupes de touristes.
Le voyage, le tourisme ne sont pas réservés à une caste de privilégiés, loin de moins cette idée.
Je comprends les raisons qui poussent les gens à voyager, ce sont en partie celles qui me motivent moi-même. Je comprends aussi qu'on ne s'improvise pas baroudeur à 65 ans, qu'on soit rassuré par le groupe et l'organisation. Mes grands parents voyageaient comme cela, je voyagerai peut-être comme cela un jour, je ne juge pas. Je me suis sentie en décalage, simplement.
Et au passage, je ne crois une pas trop mauvaise journaliste.
Quant aux jeunes à casquettes, c'est une tout autre histoire.
Lucie

niko a dit…

Bon, on se détends là, les casquettes ?! Je viens de lire le post. Ouais, d'accord, on y va fort en caricature mais faut pas tout mélanger non plus : ils nous arrivent de critiquer allègrement les gens, blancs, noirs, vieux, jeunes, riches, beaux, moches, les choses, les règles, les lois, tout ce qui nous émeut, a juste titre ou pas mais en tous cas a titre personnel. C'est un peu l'essence des récits de nos balades autour du monde. La lecture serait bien ennuyeuse sans ses impressions personnelles qui nous font vibrer et cela n'a rien à voir avec le travail de journalisme qui obligerait sans doute à plus d'impartialité.
Quant à l'allusion aux jeunes a casquettes et aux tournantes, elle est pour le moins malvenue, déplacée et insultante.
Niko