C'est dingue, quand on éteint son ordinateur et qu'on sort de chez soi, tout ce qui peut arriver. Ajouter à cela une dose de chance, un peu de culot et d'intuition, un zeste d'errance, et vous ouvrer des portes insoupçonnées.
Enfin c'est ce qui m'arrive depuis quelques jours, j'enchaîne les jolies rencontres tangéroises, ,je touche du bois pour que cela continue.
Je sors donc en début de semaine de chez moi, tombe nez-à-nez avec un bélier (c'est l'histoire du mouton du précédent post).
Je demande à le photographier, puis à photographier ceux qui le gardent : des jeunes de la kasbah, des ados que j'ai croisés plusieurs fois, qui traînent pas mal et qui ne m'avaient jusqu'ici pas distinguée des touristes.
Ils se prennent au jeu, posent fièrement tenant virilement le bélier par les cornes, et d'un coup le détachent (me donnant une belle frayeur au passage parce qu'ils laissaient l'animal furibard ruer dans les brancards).
Et puis d'un coup d'un seul ils entraînent le bélier dans une ruelle de la kasbah. Des enfants suivent, je suis le mouvement. L'animal a disparu de mon champ de vision, les enfants se sont arrêtés au pied d'une maison, ils rient, ils rient encore plus quand ils se rendent compte que je suis interloquée : mais où il est le bélier?
Alors un des ados me fait signe de monter chez lui.
Le mouton est à l'intérieur, au troisième étage, je vois en passant deux fillettes, une maman à la cuisine, je rejoins les garçons tout en haut, le mouton est chez lui dans son coin, on prend quelques photos, et puis on l'oublie, le mouton.
Et c'est là que ça devient croustillant.
Je me suis retrouvée dans le feu de l'action près d'une pièce, et c'est leur squatt.
Ils remarquent ma curiosité, m'invitent à y entrer, je me méfie, je sais qu'ils sont capables de faire les pires conneries, et vue l'autorité que semble avoir la mère dans cette maison...
On discute un peu. Ils ont 18/19 ans, sont vendeurs, gardiens, ... l'un est présenté par son copain comme le "plus grand voleur de la kasbah". Beaucoup de frime devant une jeune Européenne, un peu de vérité.
Sous leur apparence de petits durs, ils sont surtout de grands enfants qui s'extasient devant les photos d'eux tout petits qu'ils me montrent, des photos rangées dans un album kitch avec sur la couverture la photo de son propriétaire en forme de coeur, entourée de faux diamants.
Ils ont grandi ensemble dans la kasbah, une vraie bande de potes.
Ils fument le kif (dans une pipe), des joints de hasch, boivent des bières, prennent des photos avec leur portable, parlent de gonzesses.
Me font visiter tout ce que je veux voir. M'invitent pour l'aïd.
Des gueules d'ange...
enfin, rien ne dit qu'en dehors de ce moment improvisé et sympa, ils ne me prennent pas à nouveau pour une touriste, ou se rappellent de moi et qu'ils me piquent quand même mon portefeuille, ou m'insultent.
Pas d'angélisme, juste une opportunité saisie qui ne se représentera pas de si tôt.
lundi 23 novembre 2009
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